Les Gens
À entendre les autres parler, c’est toujours la faute des gens !
Si c’est la merde dans nos villes, c’est la faute des gens !
Si c’est sale, c’est la faute des gens !
Si nos villes ne sont plus sûres, c’est la faute des gens !
S’il y a des couches dans nos jardins, c’est la faute des gens !
Mais qui sont ces gens ?
S’il y a des baignoires dans les arbres, c’est la faute des gens !
S’il n’y a plus de lumière dans nos cages d’escalier et que ça sent la pisse, c’est la faute des gens !
Si nos ascenseurs ne fonctionnent plus, c’est la faute des gens !
Si l’on ne marche pas du pied gauche sur la merde, c’est la faute des gens !
Mais les gens disent tous que ce sont les autres.
Alors, qui sont les autres ?
Finalement, à qui la faute ? Les autres ou les gens ?
Chacun se cache derrière un masque, celui de l’image que l’on montre aux autres.
Mais derrière ce premier masque, n’y aurait-il pas un deuxième masque…
Celui de l’image que l’on se fait de soi-même ?
Et derrière ce masque, n’y en a-t-il pas d’autres ?
Qui est le vrai ? Qui est le faux ?
Batman a dit : « Une personne avec plusieurs personnalités n’en a aucune. »
Serait-elle alors fausse ? Hypocrite ? Se ment-elle à elle-même ?
Elle change de rôle en fonction des gens qu’elle côtoie,
elle change de masque en fonction des lieux qu’elle foule.
Pourquoi ?
Et si c’était le seul moyen de s’adapter,
de montrer aux gens ce qu’ils veulent voir,
de leur dire ce qu’ils veulent entendre,
et ainsi ne pas faire partie des autres ?
Finalement, nous ne sommes pas un, mais multiples.
Nous évoluons chaque jour, avec nos masques en stock,
les développant au fur et à mesure que les circonstances l’exigent.
Notre environnement, notre entourage,
notre envie d’appartenir à un groupe,
nous poussent à ce dédoublement multiple.
Et dire qu’il suffirait de s’accepter comme on est
pour que toute cette comédie cesse… !