050206

Un jour unique dans sa vie… Éphémère

Traîné de gauche à droite dans tout le magasin, il essaie de l’aider à trouver le parfum qui lui correspond le plus. En réalité, elle sait qu’elle a déjà senti cette odeur auparavant, mais elle ne connaît pas sa provenance.
Après plusieurs heures de recherches, ils finissent enfin par le trouver. Il était temps, car il commençait à en avoir marre de toutes ces odeurs qui le poursuivaient. Après avoir retrouvé sa copine, elle voulut lui faire sentir le parfum qu’elle avait choisi. Alors, il se rapprocha d’elle, lui tendit sa main pour lui faire sentir le parfum, mais apparemment, son frère, haut perché, flottant dans les airs, habillé en rouge vif, n’appréciait pas le rapprochement entre ces deux-là. En une seconde, il se projeta aux côtés de sa sœur et lui ordonna de rentrer. Il avait beau lui expliquer la situation, mais il ne voulait pas comprendre. Le mec habillé en rouge, qu’on surnommait « Vif » pour cette couleur et sa vitesse, voulait absolument se battre.
Il était d’humeur plutôt pacifique, mais là, il était poussé à bout. Après cinq minutes de combat, il prit l’avantage grâce à ses années de pratique des arts martiaux.
Après s’être complètement épuisés, ils s’arrêtèrent ; de toute façon, c’était l’heure d’aller manger.

Alors, ils se relevèrent et, à la vitesse du son, rejoignirent les autres qui étaient réunis dans la salle principale. Cette salle était immense, de la taille de plusieurs stades, et le plafond était situé à plusieurs kilomètres en hauteur. Quand on entrait dans cette salle, aussi grand qu’on soit, on se sentait ridiculement petit. Deux énormes tables étaient posées au milieu de cette salle. L’une des chefs commença à faire une répartition des élèves autour des deux tables. Dans l’esprit de faire vite et simple, elle proposa que les élèves spéciaux se mettent à une table et les autres à l’autre.
« Vite, vite ! Elle va accoucher ! » s’écria une voix au loin.
Sans perdre un instant, il rejoignit la scène. C’était plutôt une bonne nouvelle, c’était une de ses amies qui accouchait. Elle mit au monde des jumelles. Autour de la mère, tous essayaient de deviner quel serait leur pouvoir. Certains pensaient qu’elles auraient des cornes et pourraient se transformer en animaux à l’image de leur mère. D’autres pensaient qu’elles auraient des pouvoirs psychiques, etc., et j’en passe. Une femme dans l’assistance attrapa l’un des bébés et lui écarta les jambes comme si elle voulait écarteler un poulet. Il pouvait presque entendre les os craquer. Il eut froid dans le dos l’espace d’une demi-seconde. Apparemment, c’était un rituel chez eux. Pourquoi ? Il n’en savait rien.
Il voulut prendre un des bébés pour aller la nettoyer, mais lorsqu’il lui attrapa le bras, elle grandit de plusieurs années (2 à 3 ans environ) en l’espace de quelques secondes. Voilà sa spécialité ! Ce bébé, qui portait le nom de sa mère, grandissait à une vitesse fulgurante.

Il la prit dans ses bras et alla la nettoyer. Durant sa toilette, elle grandit encore de 3 ans. C’était impressionnant. Elle pouvait parler à présent. Alors, il discuta avec elle. Puisque sa vie était limitée à une journée, il se dit qu’il lui apprendrait tout ce qu’il savait et qu’il ferait en sorte qu’elle ait la meilleure vie possible. Elle avait une grande capacité de mémoire, tout ce qu’il lui apprenait, elle s’en rappelait même après plusieurs sauts de 3 à 5 ans.
« Qu’est-ce que c’est que ça ? » demanda-t-elle.
« C’est le toit. »
Il lui expliqua à quoi servait le toit, comment il était fait, etc., enfin tout ce qu’il en savait.
Il la prit par la main et l’emmena à l’une des fenêtres.
« Tu vois ça, là-haut, cette grande surface bleue ? C’est le ciel ! »
Il pouvait parler des heures du ciel, c’était une des choses de la nature qu’il adorait tant. Le ciel d’aujourd’hui était d’un bleu éclatant, les nuages flottaient à l’allure du vent, rappelant le début d’une journée de printemps. Éphémère, l’avait-il surnommé. En raison de ses capacités, il était comme un père pour elle. Il n’avait jamais autant donné d’amour à une personne de toute sa vie, il n’avait jamais apprécié quelqu’un comme il l’appréciait elle. Pendant cette journée, sa vie fut la sienne.
Durant leur promenade, il lui fit remarquer un grand bateau de guerre noir. Il lui expliqua que bientôt, il allait embarquer lui aussi pour la guerre. En lui disant cela, il avait dans l’esprit qu’il reviendrait très vite avant qu’elle s’en aille. Alors, il lui proposa d’aller faire un tour à bord. À l’entrée, on lui apprit que personne n’était autorisé à monter à bord. Pour la rassurer, il demanda à un des commandants sur place la durée de leur mission.
« 12 heures. »
Le douze retentit dans sa tête comme un écho. Lorsqu’il entendit cela, l’activité de son cœur s’arrêta net. Ce fut comme un coup de poignard en plein cœur. Il la regarda dans les yeux, en larmes, et la serra fort contre lui. Car dans moins d’une heure, il allait embarquer et ne reviendrait que dans douze heures. D’ici là, elle ne serait plus. Dans sa tête, ce n’était pas très clair, c’était un chaos de désolation qui l’envahissait. Sa vie allait s’écrouler, se disait-il. Dans un excès de lucidité, il la prit dans ses bras encore une autre fois et la serra encore plus fort, déversant toute cette souffrance à travers ses yeux…